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7 - Vice-présidence et porte-parole du MPF, parti associé à l'extrême droite

- Libération le 10 septembre 2005 : " Le MPF, asile de l'extrême droite"

www.liberation.fr/france/2005/09/10/le-mpf-asile-de-l-extreme-droite_531918

Le MPF, asile de l'extrême droite

Par Christophe Forcari — 10 septembre 2005 à 03:37

Le mouvement villiériste recycle des ex-membres du FN et du MNR en vue de 2007.

 

Le MPF, asile de l'extrême droite

Philippe de Villiers appartient à la catégorie des écolos-souverainistes. Il recycle. En écho à ses appels du pied de plus en plus pressants, d'anciens cadres frontistes, embringués un temps derrière Bruno Mégret, se rallient au panache du président du Mouvement pour la France (MPF). «Après la guerre, le MRP était surnommé la "machine à ramasser les pétainistes". Aujourd'hui, le MPF, c'est la «machine à polir les frontistes», ironise un permanent du FN. «En lançant son OPA hostile sur le Front, Villiers veut récupérer sa part de la carcasse lepéniste», ironise Franck Timmermans, éphémère numéro trois du Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret.

 

Une stratégie élaborée par Guillaume Peltier, secrétaire général du MPF et ancien responsable de la branche Jeunes du FN. Le renfort de cadres expérimentés venus de l'extrême droite tombe à pic pour le député européen qui entend se doter d'un parti en ordre de marche pour la présidentielle de 2007. Une candidature qu'il devrait officialiser dimanche dans son discours de clôture de l'université d'été du MPF.

 

Rubicon. Amorcés dès 2001, les transferts de l'extrême droite vers Villiers se sont accélérés en 2004 lors des régionales et des européennes, où le MPF avait obtenu 7 % des voix et le FN un peu moins de 10 %. Ainsi Philippe Olivier, l'époux de Marie-Caroline Le Pen, l'aînée des trois filles du chef, l'un des artisans de la scission mégretiste de 1998, avait-il lancé le mouvement en 2001. Il avait alors rejoint l'entourage de Villiers pour y jouer le rôle de conseiller officieux avant de prendre ses distances avec le vicomte.

 

Autre ex-FN, ex-MNR à avoir franchi le Rubicon, Philippe Adam, conseiller municipal de Salon-de-Provence et ancien conseiller général. Il a amené son «ancrage local», son «savoir-faire militant». «L'objectif est de construire un véritable mouvement politique», explique-t-il. Et l'enracinement local des cadres de sa formation croissante intéresse fortement Philippe de Villiers. Celui-ci a ainsi rencontré récemment le maire frontiste d'Orange, Jacques Bompard, en délicatesse avec Jean-Marie Le Pen (lire ci-dessous).

 

En s'opposant plus nettement à l'UMP et à Jacques Chirac, le président du MPF peut espérer séduire un plus grand nombre de militants du FN. Car, sur le fond, les nouveaux convertis au villiérisme n'ont rien renié de leurs idées et veulent même faire figurer dans le logiciel villiériste certaines notions qui n'y figurent pas encore comme «la préférence nationale», ce principe discriminatoire qui vise à réserver aux seuls Français emplois, logements et prestations sociales.

 

Villiers emboîte d'ailleurs si bien le pas de Le Pen qu'il est convoqué le 20 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris pour «provocation à la haine raciale» : le 16 juillet, sur TF1, il avait annoncé une «troisième guerre mondiale» encouragée par une «islamisation progressive de la société française».

 

«J'ai retrouvé la possibilité au MPF d'exprimer des idées fortes, des idées de droite avec l'avantage de ne pas être diabolisé, sans me faire jeter des pierres ou traiter de fasciste», explique pourtant Pascal Munier, ancien cadre FN, puis MNR, des Bouches-du-Rhône, qui a adhéré au MPF début 2004. «Mégret nous a conduits dans une impasse, confie de son côté Jean-Dominique Roubeau, qui a suivi le même itinéraire. Je me retrouve totalement dans le programme de défense de la souveraineté nationale, de défense de la famille et dans son ouverture désormais très marquée aux questions sociales, explique-t-il pour justifier son ralliement. Philippe de Villiers peut incarner l'avenir face au libéralisme à tous crins de l'UMP.» Responsable départemental de la Gironde, François-Régis Taveau est lui aussi passé par le FN, puis le MNR : il pronostique déjà que «les cadres et l'électorat du FN rejoindront en masse le MPF au cas où Le Pen n'aurait pas les 500 signatures pour se présenter à l'élection présidentielle en 2007. Villiers a un boulevard devant lui». Une perspective qui a poussé Marie-France Stirbois à plaider pour «un rapprochement avec le MPF» en marge de l'université d'été du FN, en août.

 

Valeurs. En rejoignant le MPF, François-Régis Taveau, comme toutes les recrues frontistes, n'a pas eu «la sensation d'avoir négocié un virage. Villiers défend des valeurs qui correspondent le plus à ma sensibilité. C'est un homme d'avenir qui ne se traîne pas de casseroles». «Il défend les idées du FN sans l'extrémisme de Le Pen», ajoute un des membres du bureau départemental du MPF des Bouches-du-Rhône, lui-même ex-mégretiste. Bref, un lepénisme qui se voudrait présentable, mais n'est pas forcément à même de plaire à la frange la plus populaire de l'électorat d'extrême droite.

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