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11 - Hommages se transformant en discours d'extrême droite


- Discours prononcé le 11 novembre 2018 en présence d'enfants du conseil municipal des enfants et des écoles primaires des Herbiers, ainsi que devant des jeunes des collèges Jean Rostand des Herbiers et Saint-Gabriel de St Laurent-sur-Sèvre.

Discours de Véronique Besse du 11 novembre 2018


 

« (…) Pourquoi se sont-ils tant battus ? Pourquoi pendant cinq ans, ont-ils tenu ? Dans la boue des tranchées, la violence des bombes et la violence des combats. Comment sont-ils restés debout ? Dans la tempête et la mitraille.

Autant de questions qui en ce matin de commémoration solennelle nous viennent à l'esprit. Comment ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Mesdames, messieurs, chers amis, un matin d'août 1914, il sont partis, d'ici même, de la gare des Herbiers, et sans leurs métiers, leurs charrues et leurs ouvrages. A l'appel du tocsin, chacun quitte les siens pour accomplir son devoir. Non sans larmes. C'est toujours dur de partir à la guerre. Non sans doutes. Non sans hésitations, peut-être, mais avec une certitude chevillée au corps, celle de faire son devoir d'homme, de père de famille, de français. Car c'est bien de cela dont il s'agit.

Et tous, en montant dans le train, le savent très bien, chaque poilu des Herbiers, du Petit-Bourg et d'Ardelay, est conscient de la nécessité de son engagement, de son devoir et de son sacrifice. Il va se battre pour la France, pour la défense de la France, pour la reconquête des territoires perdus d'Alsace et de Moselle.

Oui, j'insiste, si nos pères se sont levés, ce n'est pas pour une idée aussi belle soit elle, ce n'est pas pour une idéologie ou des valeurs, mais pour une terre et pour un peuple. La terre de France, aimée comme on aime sa mère.

Si l'amour peut tout, il n'empêche rien. Nos poilus aiment la France mais haïssent la guerre. Un vrai soldat et tous l'étaient, n'aiment pas la guerre. Ils se contentent de la faire, avec courage et abnégation, avec lassitude et tristesse aussi, et c'est déjà beaucoup.

C'est donc avec effroi qu'ils la découvrirent, cette guerre. Avec sa dureté, sa cruauté, son injustice, son horreur indicible. Tous ont souffert, les blessés, les gazés, les gueules cassées. Comme jamais un peuple n'avait souffert.

Maurice Genevoix dont la dépouille entrera prochainement au Panthéon l'écrira, je cite : « Ce que nous avons fait, c'est plus qu'on ne pouvait demander à des hommes. Beaucoup y ont laissé leurs vies. Tombés la face contre terre. » Parmi eux, 297 herbretais dont nous avons égrené les noms il y a un instant. Fauchés dans la force de l'âge.

Plus que jamais sans doute, entre 1914 et 1918, France rimera avec souffrance. Mais cette souffrance a porté du fruit, d'une part la victoire, de l'autre la paix. A nouveau, les cloches sonnent autre chose que le glas. Et la victoire militaire de 1918 est celle de tout un peuple. Du simple soldat aux maréchaux, tous méritent notre reconnaissance et notre hommage. C'est un peuple uni qui a lutté dans la boue des tranchées où très vite les préjugés, ceux du stupide XIXe siècle, sont tombés.

Pendant quatre ans, le religieux revenant d'exil a marché d'un même pas avec l'instituteur laïc et anticlérical. Unis comme au front, sera d'ailleurs la devise de l'union nationale des combattants créée au lendemain du 11 novembre par le père Brottier et le vendéen Clémenceau.

Il y a un instant, à la lecture des noms des Herbretais morts pour la France, pendant la guerre, j'ai été frappée par la sonorité des noms. Ces noms, ce sont les nôtres. Ceux de nos familles, de nos voisins, de nos amis. Les noms inscrits sur les monuments aux morts sont les nôtres. Ils nous rappellent, ils nous rattachent.

Nous ne sommes pas de ces itinérants sans mémoire, de ces nomades sans identité, nous sommes français parce que nos noms sont sur le monument aux morts. Et c'est pour cela, que nous devons tirer des leçons de cette douloureuse et glorieuse histoire.

Après ces quatre ans de souvenirs et de commémorations, quels enseignements pourrons-nous retirer de l'héroïsme des soldats de 1914 et vainqueurs de 1918 ?

La grande leçon de la grande guerre, c'est celle du courage.

Les menaces qui pèsent sur notre peuple ne sont sans doute pas moins graves ni moins urgentes que celles qui pesaient sur les épaules de nos pères : un relativisme niveleur, une haine de soi et de son histoire, une disparition de la limite, une immigration de remplacement, un mondialisme destructeur des singularités et des identités, une trahison des élites, un terrorisme aveugle, une culture de mort avec laquelle il ne peut y avoir de paix.

Aussi, comme les poilus de 1914, nous devons nous tenir prêts à descendre à la tranchée. Le héros de la Marne, de Verdun ou des Eparges nous apprend qu'il ne faut pas désespérer, jamais. Ni de nos peurs, ni de nos médiocrités, ni de celles des autres. Tenir et transmettre, voilà le meilleur moyen de rendre hommage aux Herbretais morts pour la France.

Le fruit de 1914 a été ce terrible XXe siècle, siècle de feu, de fer, de sang et de larmes, siècle des trois grandes idéologies mortifères : communisme, national socialisme et mondialisme, définitivement abattues ou en passe de l'être. Le XXIe siècle sera celui du réveil des peuples, de la fin de la grande dormition* européenne. Si les dieux ont infligé la mort à tant d'hommes, c'est pour donner des chants aux gens de l'avenir, lit-on dans l'Odyssée. Des chants de mémoire, des chants d'honneur, des chants de paix. France rime aussi avec espérance. »

* Le terme Dormition est utilisé, dans le vocabulaire chrétien, pour désigner la mort des saints et des pieux fidèles quand ce n'est pas une mort violente. Ce terme s'applique plus particulièrement à la mort de Marie, mère de Jésus.
Les chrétiens d'Occident parlent d'Assomption, tandis que ceux d'Orient parlent de Dormition. Dans le catholicisme actuel, le terme Dormition ne désigne que la mort de la Vierge ; la croyance de la montée au ciel de son corps porte le nom d'Assomption. Toutefois les Églises d'Orient critiquent ce terme qui pourrait laisser croire que la Vierge a été enlevée au ciel de son vivant.

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